 |
 |
Les habitants du Tholy sont
appelés Cafrancs et ils sont fiers du nom que leur a donné
la tradition. Voici dans quelles circonstances ils ont été
ainsi baptisés.
Au début du XVIIIème siècle vivait dans la grange
de Noirmont au Passage un nommé Demange Thiriat. Sa ferme dépendait
au temporel du Ban de Moulin et au spirituel de la paroisse du Vieux
Saint Amé.
Demange Thiriat, qui était pieux, se rendait chaque dimanche
à Celles, sous le Saint Mont, où était alors
située l'église de Saint Amé, car, malgré
l'éloignement, il tenait, pour assister à la messe,
à parcourir la dizaine de kilomètres qui le séparait
de son lieu de culte.
Les gens de Saint Amé, qui avaient de l'estime pour cet homme
courageux, l'invitèrent un jour au café et lui offrirent
une petite goutte. Demange Thiriat accepta de bon cur, puis,
après avoir remercié ceux qui s'étaient montrés
si prévenants à son égard, prit le chemin du
retour.
Le dimanche suivant, après la messe, Demange Thiriat vint trouver
ceux qui avaient eu tant de bonté pour lui et les invita au
café. Ceux-ci furent ravis de ce geste et s'écrièrent
en patois : " E lé bouane houre. é lé ca
franc ! " Ce qui signifie : "A la bonne heure, il est correct."
Et ce nom de Cafranc resta attaché aux habitants du Tholy.
Il est d'ailleurs aisé de constater, en se rendant dans ce
village, combien ceux-ci ont su conserver les qualités de courage,
d'honnêteté et de gentillesse qui leur ont valu d'être
ainsi dénommés.
Quant au nom "Le Tholy", il paraît dériver
du mot "tuilier" et rappeler l'existence d'un atelier de
fabrique de tuiles. Cet atelier a pu être fixé au lieu-dit
"Le Vieux Tholy" à un endroit recelant un banc de
terre argileuse.
Célestin Méline, ancien instituteur au Tholy, écrit
dans son ouvrage sur les ancêtres des montagnards vosgiens qu'en
patois local, un teuli est un ouvrier tuilier et qu'il est certain
qu'un tuilier se fixa au milieu de ce vallon, au lieu-dit "Le
Vieux Teuli", où l'on a reconnu l'emplacement d'un four
de cuisson avec des débris d'argile cuite. (B. Cunin) |
 |
L'abbé Joly, curé
du Tholy, fit vu le 17 septembre 1944 d'ériger une
chapelle en l'honneur de la Vierge si sa paroisse était épargnée
par les combats de la Libération. Malgré l'étendue
des destructions causées par deux mois de combats et de bombardements,
les habitants du Tholy, quoique sinistrés, se cotisèrent
pour construire la chapelle Notre Dame du Tholy.
Marcel Zonca et Pierre Morini, artisans maçons, abandonnèrent
leurs chantiers pour se consacrer à l'édification
de ce bâtiment, aidés par les frères François,
charpentiers.
La chapelle du Tholy, située au Chaud Costet, domine la vallée
de Cleurie. De forme circulaire, elle est surmontée par un
toit conique en ardoises, autrefois couvert d'essis.
A l'intérieur, se trouvent un autel en granit reposant sur
cinq piliers tournés et une statue de la Vierge sculptée
dans la pierre par Jean Parisse, un artiste du Val d'Ajol.
La statue de Notre Dame du Tholy fut bénite le 15 août
1946 lors de l'office de l'après-midi par l'abbé Adam,
ancien curé de la paroisse. Le 22 septembre 1946, Monseigneur
Blanchet vint consacrer la chapelle au cours d'une cérémonie
grandiose.
La presse a rendu compte de cet événement en ces termes
: " Par une route en lacets que côtoient les pauvres
villas calcinées auxquelles le soleil éclatant de
cette belle journée de septembre semble promettre une splendeur
prochainement retrouvée, une procession interminable et qui
chante nous conduit à la chapelle. Elle est campée
à flanc de coteau et domine tout le splendide panorama de
la vallée. C'est une chapelle ronde, terminée par
une charpente hardie, très haute et très aiguë
que recouvre des essaims en bois dont chaque morceau a été
taillé et offert par une famille. A l'intérieur un
autel semi-circulaire repose sur cinq colonnes en granit poli. Au
centre se dresse la statue de Notre Dame du Tholy, oeuvre d'un artiste
du Val d'Ajol. La Vierge aux yeux modestement baissés, garde
sur son visage très doux l'expression d'une gravité
douloureuse ; ses mains tournées vers le sol semblent protéger
des enfants."
Monseigneur Blanchet prononça devant les Cafrancs bouleversés
par les épreuves de la guerre ces mots consacrés à
Notre Dame du Tholy : " Mère douce et grave, elle eut
ses joies, ses angoisses, son calvaire. Elle a connu ce que c'est
que de n'être plus chez soi, de tout quitter, jusqu'aux humbles
objets, aux moindres choses qui prennent une importance devant le
départ précipité, obligatoire. Elle a connu
l'angoisse de survivre à son fils qu'elle a vu mourir, sous
les cris de haine et de moquerie... Qu'elle soit vraiment ici Notre
dame du Tholy. Née dans la bataille, cette chapelle doit
vous obtenir la paix."(B. Cunin)
|
 |
La Lorraine indépendante dans laquelle vit alors Pierre
Fourier traverse une époque plus que
troublée. La peste même si elle épargne relativement
Le Tholy et les Hautes-Vosges sévit dans tout
le Duché prospérant sur le terreau de la guerre de
trente ans. Cette dernière opposant la coalition de
la Réforme et celle de la Contre-Réforme verra La
Lorraine principal théatre dun conflit qui la
laissera exsangue et dévastée. 
Pierre Fourier formé par les jésuites à la
nouvelle Université de Pont-à-Mousson en arts puis
en théologie croit en la Contre-Réforme, à
la représentation théatrale des grands drames de la
Bible, la vulgarisation de linstruction religieuse et lenseignement
particulièrement aux enfants,
lenjolivement de lart religieux, au développement
du culte marial. Aussi nommé à lAbbaye de Chaumoussey
pour réformer les établissements monastiques de Lorraine
vivant sans réelle vocation religieuse et dans le luxe il
crée La Congrégation de Notre-Sauveur composé
de tous les religieux disposés à pratiquer la stricte
observance de la vie commune selon un idéal de pauvreté,
de chasteté et dobéïssance.
Cest dans cet esprit de Contre-Réforme que Pierre-Fourier
se voit confié le soin de la création et la mise en
place dune maison des chanoines réguliers de Saint-Augustin
au Tholy par Didier Virion, seigneur de They-sous-Vaudémont.
Ce dernier fut frappé par le peu déducation
religieuse des habitants de la montagne vosgienne. Puis l'habitat
très dispersé des quelques 100 fermes de montagnes
d'alors que l'on appelaient "granges" contraint les habitants
à de longs déplacements pour suivre les offices dans
les églises des villages environnants. Une forte somme dargent
accompagna linstallation de la première mission en
1626 mais la paroisse ne fut érigée que 23 ans après
la mort de Pierre-Fourier le 16 décembre 1663 par Monseigneur
André de Saussay, évêque de Toul sous le vocable
de Saint Joseph. Le deuxième patron de la commune ne pouvait
évidemment quêtre Saint Augustin en hommage à
celui qui sera canonisé à la fin du 19éme siècle.
En accordant dans sa mission pastorale beaucoup dattention
à lenseignement des enfants et en
particulier des petites filles il crée avec Alix Le Clerc
et ses compagnes en 1597 la Congrégation
Notre-Dame qui sera un des éléments les plus significatifs
du mouvement religieux féminin apparu
depuis le Concile de Trente. Il semble que dès lorigine
une congrégation des filles fut créée au
Tholy (voir chapître monument
historique)
Léglise fut contruite à la création de
la paroisse, agrandie en 1710 par ladjonction des deux nefs
latérales qui furent partiellement détruites par un
incendie en 1730. Les chanoines réguliers de
Saint-Sauveur bâtirent limposant presbytère en
1710 mais celui brûla en 1769. 15 chanoines
séculiers se succédérent au village jusquà
la révolution française. La construction relativement
tardive du monument religieux dans ce coin des Vosges valut au village
le nom de "Nûe Motèye" en patois à
savoir "nouvelle église" avant que le nom Tholy
ne s'impose définivement.
La seule présence visible du fondateur du Tholy dans le village
en est la représentation sur les remarquables vitraux de
l'église.
|
|